1952 : Alain Bompard se fait naufrage volontaire en plein Atlantique et reste 113 jours sans assistance à boire de l’eau de mer et du jus de poissons.
10 juillet 1980 : Gérard d’Aboville prend son aviron et part traverser l’Atlantique à la fraiche, en solo...
Il rentre chez lui apres 71 jours à la rame, 2800 miles au compteur et 8 kilos de moins, embrasse sa femme et dit aux voisins : "S’il y a une chose dont je suis sûr, c’est que jamais je ne repartirai dans une telle galère !"
11 juillet 1991 : notre GéGé national se dédie et remet ça. Cette fois il embarque pour une croisière "à l’ancienne" face au Pacifique (qui soit-dit-en passant ne l’est pas tant que ça...) à Choshi, au Japon, avec toujours un même but : ramer !
Et pour ramer, il va ramer le Gégé... Son mini-catamaran de fabrication perso lui garantit un confort dont les passagers du Pacific Princess (La Croisiere s’amuse - FR3) n’auraient même pas osé rêver : 1.60 mètres de largeur pour entasser couchette et siège en caoutchouc, 8 mètres de longueur tel une une monoplace amphibie, des cloisons étanches pour un bonheur de tous les instants et un systeme de ballasts afin de retourner le bateau quand une déferlante de quelques dizaines de mètres s’invite au voyage...
Bref, le valeureux marin va connaître gratos et en trois dimensions ce que les amateurs des salles de sport ne peuvent qu’imaginer lorsqu’ils suent sur leur rameur hydraulique... Veinard va !
Dans son bolide, Gerard explique qu’il se sent comme un poilu dans une tranchée, guettant la prochaine rafale et devinant à l’oreille la direction le calibre et la trajectoire de celle-ci.
Comme un poilu d’ailleurs, il va connaître quelques revers et même rencontrer les cousins de la grosse "Bertha" : 34 chavirages, quelques tonneaux et deux ou trois parties de jambes en l’air avec des camarades mammifères marins de plusieurs tonnes sont à inscrire sur sa feuille de route...
Gerard d’Aboville n’en n’a cure et rame jusqu’aux côtes américaines où l’Amiral Olivier de Kersauzon l’attend, le 21 novembre.
A son arrivée le premier dira au second qu’il n’a pas "vaincu le Pacifique, il m’a laissé passé". Sacré farceur !